Extrait du livre « Travailler avec les cinq obstacles », Ajahn Thiradhammo.
Lorsque nous travaillons sur les obstacles, il est bon de nous rappeler les instructions que le Bouddha a données sur la façon de traiter les pensées perturbatrices, en tenant compte, bien sûr, du contexte particulier dans lequel nous travaillons : soit la méditation du calme, soit celle de la vision pénétrante. Dans un certain discours (M. sutta 20 ; I,118), le Bouddha a donné cinq méthodes pour affronter les « pensées indésirables liées au désir, à l’aversion et à l’ignorance » qui nous écartent constamment de notre objet de méditation.
La première méthode consiste à dévier l’attention vers un thème plus sain, de sorte que l’esprit devienne « intérieurement stabilisé, apaisé, refocalisé et concentré. »
Si cela ne fonctionne pas, nous devons examiner les inconvénients que présentent ces pensées malsaines.
Si elles persistent, nous devons essayer de les ignorer de la même façon que nous fermons les yeux ou détournons le regard pour éviter de voir quelque chose.
La quatrième méthode consiste à « calmer ce qui fabrique les pensées » de la même façon qu’une personne qui marcherait vite commencerait par ralentir puis s’arrêterait ou s’assiérait, prenant ainsi progressivement une posture de plus en plus fine.
La dernière méthode suggère de chasser délibérément les pensées perturbatrices en les écrasant purement et simplement « comme un homme fort contraint un autre plus faible. »
Bien entendu, différentes pensées nécessitent différentes méthodes ; il est donc important d’appliquer chaque pratique avec circonspection.
Voici ma méthode personnelle : lorsqu’une pensée perturbatrice apparaît, je commence par me contenter de remarquer son apparition et je retourne à mon objet de méditation.
Si elle revient à la surface, je la regarde de plus près pour savoir de quel type de perturbation il s’agit, puis j’oriente à nouveau mon attention vers mon objet de méditation.
Si la pensée persiste, j’observe si elle a une correspondance dans le corps et j’essaie d’investiguer plus loin à travers le ressenti physique : « Quelle en est la cause ? Est-ce un phénomène familier ou nouveau ? Qu’est-ce qu’il essaie de me dire ? »
Si la pensée continue à réapparaître, il y a de fortes chances pour qu’elle soit porteuse d’une forte énergie ou d’une histoire. Autrement dit, il est probable qu’elle est le résultat d’une série de causes complexes et détaillées, ce qui va nécessiter une investigation empirique plus minutieuse.
J’évalue ensuite le degré de calme de l’esprit. S’il n’est pas assez calme et concentré, il va être facilement attiré vers des distractions et toute tentative d’investigation restera à un niveau superficiel, intellectuel. Donc : l’esprit est-il assez calme pour investiguer ce phénomène sans le juger ? Essayez.
Si l’esprit se laisse entraîner, agiter ou perturber, mieux vaut commencer par renforcer le degré de calme et de concentration. Si la perturbation est trop forte, il faudra peut-être suspendre temporairement l’exercice de méditation en changeant de posture ou en faisant autre chose en pleine conscience jusqu’à ce que l’on se sente prêt à se lancer à nouveau dans l’investigation.
En général, avec les phénomènes mentaux il est bon de porter l’attention au corps et parfois aux types de ressentis pour voir comment le physique en est affecté. Le corps est plus tangible et change moins vite que l’activité mentale fugace et volatile, de sorte qu’il est d’un accès plus facile.
Ce basculement de l’attention permet également de compléter l’image de l’expérience sur le plan mental (émotionnel) et physique. De la même manière, pour les phénomènes physiques il est bon d’observer le ressenti mental ainsi que l’humeur, les émotions, voire les images, impressions ou associations d’idées.
En commençant par observer les caractéristiques d’un phénomène, nous pouvons également déterminer s’il est énergisant ou débilitant. En général, mieux vaut calmer le phénomène énergisant et rééquilibrer l’énergie. Le meilleur moyen d’introduire le calme est de pratiquer les exercices de la méditation samatha. Parfois d’autres méthodes sont nécessaires, surtout pour le corps : différents types de respiration, conscience du corps ou exercices de relaxation comme le yoga ou le taïchi.
Étudier, analyser et réciter des enseignements du Dhamma est énergisant mentalement et il y a de nombreuses façons d’apporter de l’énergie au corps.
Parfois il est bon d’énergiser l’ensemble du corps, tandis que d’autres fois il faudra se limiter à certaines parties du corps présentant des symptômes d’endormissement, d’engourdissement ou d’immobilité.
Il existe aussi des moyens d’apporter de l’énergie en douceur, par exemple certaines postures de yoga, et d’autres plus vigoureux. Même si l’on se sent fatigué après, ces exercices peuvent être utiles pour la circulation du sang ou l’équilibre des énergies.
Source du texte Dhamma de la forêt