Extrait du livre « Travailler avec les cinq obstacles », Ajahn Thiradhammo.
Il existe une source particulière d’énergie et de motivation pour la pratique spirituelle qui se traduit littéralement par « sentiment d’urgence » – en pāli samvega.
Cela signifie être stimulé spirituellement, réveillé, secoué, généralement par une crise existentielle. De nombreuses personnes sont mues par un sentiment d’urgence lorsqu’elles traversent une crise dans leur vie, comme une maladie grave ou le décès ou la maladie d’un proche.
Cependant, elles sont souvent tellement angoissées à ce moment-là que leur énergie spirituelle en est paralysée.
Il peut donc être utile de passer en revue les dangers de la naissance et l’inévitabilité du vieillissement, de la maladie et de la mort en tant que thèmes de méditation spécifiques tant que nous avons de l’énergie pour pratiquer ce type de réflexion.
Il est facile de pratiquer quand on est jeune et que les genoux sont encore souples. En vieillissant, il est de plus en plus difficile de pratiquer, non seulement physiquement mais aussi mentalement.
Nous ne sommes pas forcément toujours en bonne santé et l’esprit peut ne pas être aussi alerte.
Pour pouvoir pratiquer, la plupart des gens ont besoin d’une certaine énergie, d’une bonne condition physique et d’être exempts de maladie.
Vous direz peut-être : « Je suis pratiquement sûr de pouvoir pratiquer n’importe où, même si j’étais malade. » Mais essayez et vous verrez que ce n’est pas si facile.
Qu’en est-il des situations difficiles telles que l’annonce d’une crise financière ?
Pourriez-vous méditer alors que les marchés boursiers s’effondrent autour de vous ?
Ou que diriez-vous de vos conditions de vie ?
Personnellement, pour pouvoir méditer, j’aime bien avoir assez chaud et assez à manger… pourtant, ces conditions peuvent changer.
Trois des autres « motifs de saṃvega » qui ont un sens pour les bouddhistes sont l’évocation de la souffrance qui règne dans les sphères infernales, la souffrance que nous avons (probablement) vécue dans les renaissances passées et la souffrance (possible) que nous subirons dans les renaissances futures si nous ne sommes pas assez diligents dans cette vie.
La dernière source d’urgence est l’évocation de la souffrance résultant du maintien de ce corps fragile dans la vie actuelle (PP.140; cf. A.II, 115).
Il est également suggéré de prendre l’habitude d’évoquer un squelette comme moyen de susciter un sentiment d’urgence (S.V, 130).
Le Bouddha a décrit les « cinq situations propices à l’effort » :
1) être jeune,
2) être en bonne santé,
3) recevoir assez de nourriture,
4) participer à une société harmonieuse,
5) avoir un Sangha où règnent amitié et entente (A. III, 67).
Nous avons peu de temps et notre énergie est limitée.
En réfléchissant à tout ceci avec sagesse, nous trouverons un peu plus d’ardeur à pratiquer.
Nous avons intérêt à mettre à profit le temps qui nous est imparti.
Les minutes défilent, nous n’avons que ces soixante, soixante-dix, quatre-vingts ans pour trouver l’éveil. Vite, il faut nous dépêcher!
Source du texte Dhamma de la forêt