Extrait du livre « Travailler avec les cinq obstacles », Ajahn Thiradhammo.
J’ai rencontré des personnes qui étaient très inspirées et très sérieuses dans leur pratique spirituelle, qui y investissaient beaucoup d’énergie.
Mais elles mettent trop souvent l’accent sur l’action, sur le fait d’essayer d’aller quelque part pour atteindre quelque chose.
C’est peut- être utile au tout début, comme l’enthousiasme des jeunes qui ont beaucoup d’énergie. Mais, en général, je les mets en garde : « Faites attention; vous risquez de vous épuiser ! »
Si on mise tout sur l’aspect énergie, on finit par s’épuiser. Mieux vaut la maîtriser, la tempérer, avoir sur elle une action modératrice.
Cela signifie parfois devoir renoncer à la force de l’énergie et nous détendre davantage, ou même essayer de voir comment nous nous en sortons lorsque l’énergie est absente.
Parfois, l’énergie nous concentre très fort sur une certaine chose au point que nous en devenons obsédés. L’énergie peut être une véritable drogue mais elle finit toujours par saturer.
Nous savons tous comment les choses se passent quand on est vraiment en bonne santé et que tout va bien, quand on vient de boire un bon café et qu’on médite toute la nuit. Mais qu’en est-il du lendemain et du surlendemain ? Vous souvenez-vous de la voie du milieu ?
Dans le Canon pāli, il y a une histoire très intéressante qui illustre combien il est important de savoir équilibrer son énergie (A.III, 374).
Le Vénérable Sona était exceptionnellement diligent dans ses efforts, mais il ne parvenait pas à obtenir le moindre bénéfice de sa pratique et il commençait à envisager de retourner à la vie laïque.
Conscient de son grand potentiel, le Bouddha lui donna un enseignement. Il l’interrogea sur une de ses expériences dans la vie laïque où il jouait du luth.
Sona a confirmé que le luth ne sonnait bien que lorsque les cordes étaient correctement accordées, ni trop tendues ni trop relâchées.
Le Bouddha a répondu que de même, dans la pratique spirituelle, ce n’est que lorsque l’énergie est correctement ajustée que l’on peut obtenir des résultats.
Grâce à cet enseignement personnel, le Vénérable Sona fut bientôt capable d’équilibrer son énergie et de réaliser le plein éveil.
Ailleurs (A.I, 257), il est conseillé, lors du développement de « l’esprit élevé », d’avoir recours aux trois qualités de concentration, d’effort et d’équanimité en les alternant.
Si on n’applique que la concentration, l’esprit a tendance à la paresse ; si l’on ne fait que des efforts, l’esprit a tendance à être agité; et si on n’applique que l’équanimité, l’esprit peut ne pas se concentrer suffisamment pour arriver à la libération finale.
Source du texte Dhamma de la forêt