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Les cinq obstacles

Extrait du livre « Travailler avec les cinq obstacles », Ajahn Thiradhammo.

Le premier obstacle est le désir de plaisirs sensoriels. C’est une attitude d’avidité : on veut que les sens soient stimulés, on en a envie, on le désire. Cela recouvre tout l’éventail des impressions sensorielles par les yeux, les oreilles, le nez, la langue, le corps, ainsi que l’esprit en tant que sixième sens. Les sens sont à l’origine de tout ce que nous ressentons dans le monde et, à travers les contacts sensoriels, peuvent apparaître le désir, l’envie, l’aspiration et l’attirance. Bien que nous recherchions généralement des ressentis agréables, cet obstacle s’applique aussi à tout type d’expérience dont le but est de créer une expérience sensorielle.

Le deuxième obstacle est la négativité, c’est-à-dire toute forme de rejet de ce qui se présente : résistance, irritation, aversion, etc. Il s’agit généralement d’une réaction à une expérience désagréable mais elle peut également se produire en réponse à un contact sensoriel, surtout s’il arrive par surprise, s’il est nouveau ou malvenu.

Le troisième obstacle est généralement traduit pas « indolence et torpeur » mais ces mots sont-ils vraiment clairs ou s’agit-il d’une espèce de jargon bouddhiste ? Selon Le Chemin de la pureté, le premier mot signifie « manque d’énergie motrice ». Peut-être devrions-nous donc parler de « léthargie », qui est un manque de vigueur ou d’énergie. Quant au mot pāli pour « torpeur » il signifie littéralement « lourdeur, pesanteur ». Ce ressenti se manifeste généralement sous forme de paresse ou de somnolence, d’endormissement, d’apathie de l’esprit. Par conséquent, une traduction plus précise de ce troisième obstacle pourrait être « léthargie et somnolence ».

Le quatrième obstacle a deux aspects lui aussi : agitation et remords. L’agitation est facilement compréhensible : un corps et/ou un esprit surchargé d’énergie finit par être agité. Le deuxième aspect, le remords, peut également être traduit par «inquiétude» ou « scrupule ». Cela signifie qu’il est surtout lié à l’apparition du remords au moment où l’on pense à ses mauvaises actions ou que l’on s’en inquiète, ce qui peut entraîner de l’agitation. Il est difficile de rester tranquillement assis quand on fait intérieurement l’inventaire de toutes ses erreurs. On risque de se lever d’un bond en disant : « Je n’en peux plus ! Il faut que je sorte de là ! »

Le cinquième obstacle est le doute, lequel peut se manifester sous toutes sortes de formes. Il peut s’agir de scepticisme, d’incertitude, de perplexité, en particulier envers les enseignements ou la pratique. On peut même douter de soi, de sa propre capacité à suivre la voie: «À quoi sert tout cela? En suis-je capable? Cela va-t-il m’être utile? Est-il possible que cela fonctionne ? » Il peut aussi s’agir d’un état de confusion, d’inquiétude ou d’indécision qui va causer hésitations et tergiversations et qui, au pire, va nous paralyser, nous empêchant ainsi de nous lancer dans quoi que ce soit.

Certains voudraient ajouter un sixième obstacle, un ressenti qui empêche effectivement de nombreuses personnes de pratiquer la méditation : la peur ou l’angoisse. Cependant je pense que la peur peut entrer dans la catégorie du doute car, en général, nous avons peur de ce que nous ne connaissons pas. Une fois que nous savons de quoi nous avons peur, même quand nous sommes simplement conscients d’avoir peur, il devient possible de résoudre ce problème. Certains verront la peur comme un obstacle de type « négativité » mais, d’après mon expérience, la négativité ou l’aversion est généralement une conséquence de la peur plutôt que sa cause. Bien entendu, on peut aussi avoir peur de sa propre aversion.

Source du texte   Dhamma de la forêt