Le don du Dhamma surpasse tous les autres dons

La négativité

Extrait du livre « Travailler avec les cinq obstacles », Ajahn Thiradhammo.

Brahmane, si une casserole d’eau était en train de chauffer sur le feu, bouillonnante et bouillante, et qu’un homme doté d’une bonne vue essayait de voir son reflet dedans, il ne pourrait pas le reconnaître ni le voir tel qu’il est réellement. De même, quand une personne demeure l’esprit empli d’aversion, qu’elle est submergée par l’aversion…

Le deuxième obstacle est l’aversion (vyāpāda ou byāpāda), mot qui signifie également « désir de faire du mal, malveillance ».

En général, on peut dire que l’aversion est une expression du « syndrome du rejet » qui peut se manifester de diverses manières, par exemple la répugnance, l’agacement, l’irritation, le ressentiment, l’aversion, la colère, l’hostilité, la haine, la rage. Chacun a sa propre façon d’exprimer sa négativité et différentes situations peuvent déclencher différents modes d’expression. La négativité est la réaction de défense la plus primaire du « moi » face à la perception d’une menace de douleur ou de mal.

De ce fait, comme tous les êtres dotés d’un système nerveux ressentent de la douleur dans une certaine mesure, nous avons tous une longue relation intime et compliquée avec la négativité sous ses différents aspects.

La négativité est une forme de pensée erronée (miccha vitakka) et de mode d’action erroné (kammapatha ; A.X,174) et n’est donc pas en accord avec le Dhamma (M.I,286). C’est une caractéristique qui obscurcit l’esprit et qui engendre une existence malheureuse (M.I,36 ; 281).

C’est l’esprit d’aversion qui souhaite l’assassinat ou le massacre des êtres (M.I,287) et, si on agit sur cette impulsion, le résultat sera soit une renaissance dans une sphère infernale soit une renaissance dans le monde des humains avec

a) une vie courte si on a tué des êtres vivants,

b) un état maladif si on a blessé des êtres vivants, ou

c) la laideur si on a été quelqu’un de colérique et irritable » (M.III,204).

Le désespoir mêlé de colère est l’un des quatre périls de la vie religieuse qui fait qu’un moine renonce à la vie monastique (M.I,460 ; A.II,125).

Un moine furieux et vindicatif risque de causer un conflit dans le Sangha, « pour le plus grand malheur de nombreuses personnes » (M.II,246). Si un moine a tendance à se mettre facilement en colère, cela n’engendre pas « l’affection, le respect, l’estime, l’entente ni l’unité » (A.V,165). Il y a aussi toute une série de variantes de la négativité comme la haine de soi et la « juste colère ».

Dans M.III,245, la négativité est mentionnée de pair avec la méchanceté (aghata) et la haine (sampadosa) quand il s’agit de dissiper l’aversion (dosa), l’une des racines de l’action non juste (M.1,47). En tant que répulsion (patigha), elle est la deuxième des tendances sous- jacentes.

Source du texte   Dhamma de la forêt