Le don du Dhamma surpasse tous les autres dons

Avoir conscience des obstacles

Extrait du livre « Travailler avec les cinq obstacles », Ajahn Thiradhammo.

Ainsi, à un certain stade dans le développement de la méditation sur le souffle, nous observons les choses sous un autre éclairage, c’est-à-dire que nous devenons conscients non plus du souffle mais de nos distractions et de la nature de ces distractions.

Pouvez-vous observer votre esprit quand il n’est pas sur la respiration ? Nous voulons tous observer l’esprit quand il est paisiblement posé sur le souffle mais pouvez-vous demeurer conscient quand il s’en éloigne, voir où il va et dans quoi il s’engage ? Normalement, cela exige beaucoup plus de flexibilité et une attention plus finement développée. Une fois aiguisée, l’attention peut pénétrer dans les structures sous-jacentes des différents obstacles qui nous distraient. Quelle est leur source ? Qu’est-ce qui les fait disparaître ? Et en quoi devons-nous changer notre attitude, changer notre façon de nous relier à la réalité, pour qu’ils ne réapparaissent plus, pour qu’ils cessent d’entretenir ce sentiment de « moi » de manière tellement négative et perturbatrice ? Si nous pouvons être libres de cette identité inhibée, l’éveil est là. Il ne s’agit pas de « devenir éveillé » ; il s’agit de déblayer les détritus pour permettre à l’éveil de se manifester de lui-même.

Les expressions les plus évidentes du « moi » sont à travers le désir sensoriel, la négativité, la léthargie, l’agitation et le doute ; c’est donc là que nous pouvons découvrir ses secrets et déraciner ses stratégies.

Ainsi, ce que nous considérions jusque-là comme des obstacles deviennent des bijoux vraiment inestimables lorsqu’ils se transforment en source de connaissance. Ils sont le fondement d’une connaissance de la nature et des formes d’expression du soi. Il s’agit de la connaissance la plus précieuse qui soit ; elle peut mener à la libération ultime de la tyrannie du « moi » et de ses pénibles obstacles.

Il est regrettable que parfois, lorsque nous entendons parler de nos défauts les plus flagrants comme l’avidité, l’aversion et l’ignorance de la réalité, ils nous paraissent tellement écrasants et/ou abstraits que tout ce que nous faisons c’est bâiller, sourire d’un air entendu et continuer à vivre comme d’habitude. Pourtant, quand on s’engage sérieusement sur une voie spirituelle et, en particulier, dans les exercices pratiques de développement du calme et de la clarté mentale, on se retrouve face à face avec ces expressions directes et évidentes du « moi » à l’état brut, cru et inconfortable – véritable fertilisant pour libérer la sagesse.

Là, le Bouddha nous a donné un contexte particulièrement inspirant pour la pratique spirituelle ; dans un de ses enseignements, il dit : « Cet esprit est intensément brillant et lumineux et il est libéré des souillures qui le visitent. » (A.I,10) Autrement dit, bien que nous portions généralement une attention particulière aux entraves mentales, aux obstacles et aux pollutions de l’esprit, telle n’est pas la véritable nature de l’esprit. Sa véritable nature est de faire rayonner la lumière.

Source du texte   Dhamma de la forêt