Extrait du livre « Travailler avec les cinq obstacles », Ajahn Thiradhammo.
Concrètement, je dirais que notre désir de plaisirs sensoriels vient d’un manque d’épanouissement ou d’un sentiment d’incomplétude qui se manifeste sous différentes formes de tristesse ou de mal-aise.
Quelqu’un qui est émotionnellement / spirituellement insatisfait essaie de combler ce vide par des stimulations sensorielles ou utilise les stimulations sensorielles pour se distraire de sa peine (S.IV,208) – le fondement même de « la personnalité dépendante ».
Le mouvement énergétique des désirs sensoriels passe par les sens pour trouver satisfaction et plénitude. Mais comme le « moi » est une création artificielle et non une réalité ultime, il ne peut jamais être satisfait ou complet.
Toutes les tentatives de ce genre n’engendrent que davantage de frustration et de déception. Telle est l’insatisfaction, la souffrance (dukkha) dont le Bouddha a dit qu’elle était intrinsèque à l’être non éveillé.
Lorsque vous ressentez de l’insatisfaction, essayez de noter les pensées qui y sont associées.
Récemment, lors d’une retraite, tandis que j’étais assis dans une grotte sombre avec une vue sur un ciel désespérément gris et lourd, j’ai remarqué que mon esprit s’assombrissait lui aussi. Et puis j’ai remarqué que plus cette humeur morose s’infiltrait, plus je pensais à la nourriture. Comme j’étais bien nourri, que je ne souffrais pas de malnutrition, j’ai pris conscience que les pensées du plaisir qu’apporte la nourriture étaient une manière de contrebalancer mon humeur sombre ou de m’en distraire. Cela m’a permis également d’être renvoyé à une façon de résoudre le désir de plaisir par la nourriture dans cette situation : résoudre l’humeur sombre en réveillant assez d’énergie pour me lever et emprunter le sentier qui menait à un plateau ensoleillé.
Source du texte Dhamma de la forêt