La méditation et la Parole Juste
Ṭhānissaro Bhikkhu
Une des choses que vous remarquez quand vous vous asseyez pour méditer sur la respiration, c’est combien l’esprit se parle. Vous tenez pour acquis qu’il n’aurait pas besoin de se parler, qu’il saurait quelque chose et que tout l’esprit le saurait. Il n’y aurait pas besoin de renforcer le message, mais ce n’est pas de cette façon que l’esprit fonctionne. Il bavarde constamment à propos de ceci, à propos de cela, parce qu’il y a beaucoup de choses auxquelles il a envie de prêter attention, et vous devez décider quelles sont les choses qui méritent que vous leur consacriez le plus d’attention en ce moment même, et quoi faire à leur sujet.
Donc, une des habiletés importantes de la méditation, c’est apprendre à transformer ce bavardage en quelque chose d’utile. Pour faire cela, vous vous parlez de la respiration. Comment se passe la respiration ? Est-ce qu’elle est bonne ? Si elle n’est pas bonne, que pouvez-vous faire pour la modifier ? Ça, c’est un sujet utile. Si l’esprit s’établit ou s’il ne s’établit pas, ça, c’est aussi un sujet utile. Quant au fait que vous êtes un bon méditant ou un mauvais méditant, ça, ce n’est pas un sujet utile. Laissez juste cela de côté. Essayez de vous focaliser seulement sur les choses qui sont utiles. Et c’est une bonne leçon, pas seulement quand vous méditez, mais aussi dans la vie.
Le Bouddha a dit que ses critères pour la Parole Juste étaient : un, elle devait être vraie. Si elle réussissait ce premier test, alors le second test était : est-elle utile ? Est-elle bénéfique ? Et si elle réussissait ce test-là, alors le test suivant était : est-ce le bon moment et le bon endroit pour dire cette chose-là ? Est-ce la bonne personne à qui parler ? En d’autres termes, est-ce que ce sont les bonnes circonstances pour dire ça ? C’est une bonne directive pour la parole – en particulier lorsque nous vivons ici, et que beaucoup d’entre nous sont serrés dans de petites pièces.
C’est l’hiver. Il y a beaucoup de monde. Vous ne pouvez pas vous isoler dans le verger autant que vous aimeriez le faire. Il va donc y avoir des paroles. Nous ne faisons pas vœu de silence. Mais ce que vous essayez de faire, c’est vous assurer que vos paroles ne perturbent pas la paix des autres personnes autour de vous. C’est en réalité quelque chose de bénéfique. Avant de dire quelque chose, demandez-vous : « Est-ce vrai, est-ce bénéfique, est-ce le bon moment et le bon endroit pour ça ? » Et si ça ne réussit pas ce test, alors restez juste silencieux. Cela résout beaucoup de problèmes. Le monde tout entier serait un bien meilleur endroit si les gens appliquaient ces trois tests à leurs paroles.
Donc, utilisez cette occasion que vous avez d’apprendre un peu de la Parole Juste. A la fois à l’intérieur, et à l’extérieur. Parce que lorsque vous êtes assis et que vous méditez, les mêmes questions surgissent à nouveau : « Est-ce vrai ? Est-ce bénéfique ? »Parce qu’il se peut que quelque chose soit vrai, mais ce n’est pas bénéfique d’y penser. Et même si c’est vrai et bénéfique, est-ce le bon moment ? Il se peut que ce soit quelque chose d’important que vous devez faire plus tard au cours de la journée, mais ce n’est pas le bon moment d’y penser maintenant.
Maintenant, c’est le bon moment pour penser à la respiration. Vous pouvez penser à ces autres choses à un autre moment. Donc, essayez de vous assurer que vos paroles, au cours de la journée, ne vous perturbent pas ou qu’elles ne perturbent pas les autres. Cela vous permettra de surveiller encore mieux vos paroles, quand vous vous asseyez et que vous restez avec la respiration.
C’est de cette façon que la méditation et la Parole Juste sont liées. Elles s’entraident. La Parole Juste aide votre méditation ; et plus vous méditez, plus c’est facile de maintenir la Parole Juste. C’est pour cela que la pratique, ce n’est pas seulement pratiquer en restant les yeux fermés, c’est une pratique de la façon dont vous vivez au cours de la journée. Et la manière dont l’esprit se parle, et la manière dont vous parlez aux autres, cela, ça constitue une partie importante de la pratique.