Le don du Dhamma surpasse tous les autres dons

Douter de soi

Extrait du livre « Travailler avec les cinq obstacles », Ajahn Thiradhammo.

Travailler avec cette forme de doute peut être un exercice très utile. Cela peut non seulement révéler certaines de nos habitudes et attitudes conditionnées par le « moi », mais aussi permettre d’avoir une perspective profonde sur la nature même de l’individualité.

Il est donc très utile de prendre conscience de la réelle nature du doute que l’on peut avoir sur soi.

Comme mentionné ci-dessus, le doute de soi relatif se mêle souvent au doute existentiel, il est donc important de pouvoir les distinguer.

Un certain degré de doute de soi relatif peut être libéré en prenant conscience de ses vieilles habitudes conditionnées. Le doute de soi existentiel peut être résolu par une analyse méditative du processus d’identification à un « moi », ce qui implique d’entrer dans un territoire assez primaire.

Une fois que nous sommes capables de voir à quel point le sentiment d’un « moi » est conditionné par des causes, toutes ces pensées irréalistes cessent (S.II, 26).

Comme l’a dit le Bouddha:

 

« Je suis » est un concept ; « Je suis ceci » est un concept ; « Je serai » est un concept. … Lorsque le sage a dépassé tous les concepts, on dit qu’il est en paix. Le sage en paix n’est pas né, ne vieillit pas, n’est pas agité, n’est pas entravé. (M.III, 246 abrégé).

 

Fondamentalement, plus nous sommes en mesure de voir clairement le processus de « fabrication du moi », moins nous nous en saisissons comme d’une entité substantielle.

Ce n’est pas un processus de « suppression du moi », mais un moyen de lâcher notre saisie obsessionnelle et de permettre au processus de référence au «moi» de se dérouler simplement au sens conventionnel : le « je » ressent toujours, mais la référence à « je » change lorsque changent les ressentis.

Certaines formes de doute de soi peuvent être enrichissantes. Si, par exemple, vous n’êtes pas sûr de tirer profit de la pratique, il n’est pas mauvais de vous poser la question : « Est-ce que cela fonctionne vraiment pour moi ? Est-ce bon pour moi ? Est-ce utile pour moi ? »

Si vous n’avez que de rares éclairs de compréhension, ou si votre comportement ou votre attitude ne présente pas de changement significatif, il est peut-être bon de réévaluer votre pratique : « Ce type de pratique convient-il à mon tempérament ? Mon approche de la pratique est-elle correcte ou appropriée ? »

Certaines personnes s’obstinent à avancer péniblement avec une technique spirituelle, en espérant qu’elle finira par donner des résultats.

Même s’il existe des techniques qui produisent effectivement des résultats intrinsèques, leur valeur réelle est d’augmenter la conscience de soi.

Que se passe-t-il à chaque instant dans le corps et dans l’esprit ?

Suis-je piégé par le jeu du succès spirituel en essayant de perfectionner cette technique alors que je vois augmenter l’orgueil spirituel, le stress et la peur de l’échec ?

Ou suis-je capable d’explorer la façon dont l’activité de l’ego se multiplie avec les défis dus à la poursuite d’une discipline spirituelle ?

Source du texte   Dhamma de la forêt