La Vigilance remémoratrice appliquée à l’inspiration et à l’expiration
UNE TECHNIQUE DHARMIQUE DE LIBÉRATION
Composé par l’Anagārika Prajñānanda (3ème édition revue)
Oṃ
Allée, allée, allée au-delà,
allée complètement au-delà, Éveil, svāhā
CENTRE D’ÉTUDES DHARMIQUES
2, avenue des bouleaux, 77220 GRETZ
SOMMAIRE (Voir site cedh)
PRÉFACE
INTRODUCTION
AVERTISSEMENT
I. EXCELLENCES DE LA TECHNIQUE
Première excellence
Deuxième excellence
Troisième excellence
Quatrième excellence
Cinquième excellence
Sixième excellence
II. TEXTE PĀLI ET TRADUCTION DES QUATRE TÉTRADES
Première tétrade
Deuxième tétrade
Troisième tétrade
Quatrième tétrade
III. ÉTUDE GÉNÉRALE ET CONDUITE DE LA TECHNIQUE
A. Considérations générales
B. Lieu d’exercice
C. Les postures
D. Les cinq empêchements et leurs remèdes
IV. ÉTUDE DES QUATRE TÉTRADES
A. Non dépendance des tétrades
B. Tranquillisation et vue profonde
C. Étude de chaque
Première tétrade
Deuxième tétrade
Troisième tétrade
Quatrième tétrade
CONSIDÉRATIONS ANNEXES
Abréviations : A.S. : Ānāpānasati ; p : pāli ; sk : sanskrit.
PRÉFACE
C’est en 1942 que nous avons connu cette technique que G. C. Lounsberry et M. La Fuente, fondatrices des Amis du Bouddhisme, avaient rapportée de Ceylan, où Ānāpānasati était pratiquée et enseignée par le Docteur Cassius Pereira, devenu le Bhikkhou Kassapa.
Après étude et essais, Ānāpānasati nous a paru tout spécialement adaptée et très favorable au mental des Occidentaux, en particulier à ceux qui n’ont pas besoin d’apparat ni de supports symboliques, à ceux dont les pulsions irrationnelles ne sont pas si puissantes qu’il faille, pour les satisfaire, des moyens tels qu’on en rencontre dans certains Bouddhismes.
Notre pratique ayant été, pendant plusieurs années, favorable à la tranquillisation du corps et du cœur (citta)1, à l’éveil de la Prajñā, la « Connaissance Transcendante », nous avons rédigé dès 1953 un traité que nous avons, par la suite, jugé insuffisant (ouvrage épuisé). Ce travail a été remplacé par des études dispersées dans diverses publications du Centre d’Études Dharmiques et mêlées à d’autres sujets.
C’est pourquoi, nous avons estimé qu’il serait profitable de grouper, synthétiser, développer ces articles en un manuel, plus aisé à consulter que des travaux épars.
1. Voir la note sur la notion de citta, le « cœur », au chapitre I Excellences de la technique.
INTRODUCTION
Les sources du présent travail sont principalement extraites des Sutta du Canon Pāli, en particulier l’Ānāpānasati Sutta, 118ème Sutta du Majjhima Nikāya.
Nous avons fait de fréquentes références au sanskrit pour éclairer les termes pāli dont le sens, à travers les différentes traductions, a bien souvent été affadi.
Nous n’avons pas hésité – mais nous l’avons chaque fois signalé – à donner notre interprétation qui s’appuie, elle aussi, sur le Canon sanskrit, car il n’y a aucune raison de se fixer sur telle ou telle recension : toute expression du Dharma est valable si le « noyau » en est respecté, et il l’est, c’est certain, dans les deux Canons et aussi dans certaines exégèses.
De plus, il y a, à notre sens, nécessité de prendre en compte les données occidentales quand, encore une fois, elles ne sont pas contraires aux fondements du Dharma. Dans certains cas, ces données sont éclairantes : nous pensons à la psychologie moderne, qui confirme certains aspects de la très fine psychologie dharmique.
Nous avons essayé d’être aussi concis que possible pour conserver à ce travail l’aspect d’un manuel. Certains pourront être surpris de notre traduction d’Ānāpānasati par «vigilance remémoratrice appliquée à l’inspiration et à l’expiration ». La traduction courante est « attention à la respiration » ; nous la trouvons infirme. D’où vient cet usage ? Probablement de la traduction anglaise, qui a donné mindfulness pour sati, mot que l’on traduit par « attention » en français. Mais sati – smṛti en sanskrit (prononcer « smriti ») – est beaucoup plus que l’attention ; on verra plus loin, plus largement exposée, la justification de notre traduction, mais il est fâcheux que certaines modalités bouddhistes pāli introduites en France n’aient pas donné son sens plein à sati et aient adopté « attention », car cela a sclérosé les techniques. Celles-ci n’ont plus consisté, dès lors, qu’en une simple attention aux gestes, sensations, activités mentales et états de conscience, sans la remémoration constante des trois caractéristiques des phénomènes, à savoir : impermanence, insatisfaction et absence d’une essence – Vacuité à connaître (au-delà de la connaissance commune, rationnelle, discriminative, vijñāna) par la Prajñā, la Connaissance Transcendante, en deux degrés : śūnyatā-tathatā, la « vacuité-telléité » de tous les phénomènes quels qu’ils soient, et atyante śūnyatā, « totale vacuité, vacuité continue, sans limite », vacuité de l’Éveil (Bodhi), béatitude de l’Inconditionné, l’Absolu, le « sans naissance, sans devenir, sans création, sans conditions » (sk. : ajāta abhūta akṛta asaṁskṛta)…
AVERTISSEMENT
Pour qu’un texte du Dharma soit bien compris et puisse être utile pour une ascèse, il faut :
1. qu’il soit mémorisé, connu par cœur;
2. que les mots importants, les mots-clés soient connus aussi bien en sanskrit et pāli qu’en expression de la langue maternelle, pour en cerner la signification profonde et pour qu’ils soient toujours à disposition, pendant les séances d’entraînement et en dehors d’elles ;
3. que le texte serve à une expérience personnelle, sinon ce ne serait que verbiage ;
4. que, sauf impossibilité, l’on ait recours à un instructeur qui connaisse bien la technique, l’ayant expérimentée avec succès, et qui soit capable de la transmettre.