Ajahn Jayasaro
Traduit par Jeanne Schut
Plus nous contemplons de près notre corps et notre esprit, et le monde dans lequel nous vivons, plus nous prenons conscience de la fragilité et de l’instabilité inhérentes à toute chose.
Lorsqu’une crise comme cette pandémie met à nu la nature peu fiable et incertaine du monde, nous ne sommes pas surpris. Nous savons que ce qui se passe actuellement ne déroge pas à la norme. C’est simplement que des voiles ont été arrachés, des voiles qui normalement cachent des vérités que la plupart des gens passent leur vie à essayer d’ignorer. Avec un ancrage quotidien dans la réalité de « ce qui est », nous pouvons rester exempts de panique, d’anxiété et de dépression. Nous pouvons tourner notre esprit vers la compassion.
Face à des souffrances de cette profondeur et de cette ampleur, nous formons le vœu sincère que toutes les personnes, jeunes ou âgées, dans tous les pays du monde, soient exemptes d’infection. Si elles ont contracté le virus, puissent-elles se rétablir. Si elles ne se rétablissent pas, puissent-elles endurer leur douleur avec patience et acceptation ; puissent-elles avoir un refuge dans le cœur vers lequel se tourner, et dans leurs derniers jours, puissent-elles être entourées d’amour et de bonté.
Quelques exercices de pleine conscience
1. Soyez conscient de l’anxiété en tant que phénomène affectant le corps et l’esprit. Ne la combattez pas mais ne vous y abandonnez pas non plus. Voyez les pensées d’anxiété comme de simples pensées, comme des nuages qui traversent le ciel de l’esprit. Voyez les sensations physiques comme de simples sensations qui font partie de la nature.
Respirez profondément. Imaginez l’anxiété quittant le corps avec l’expiration. Imaginez le calme et la clarté pénétrant le corps et l’esprit avec l’inspiration.
2. En ce qui concerne les consignes de sécurité :
a) Prenez conscience de l’envie de vous toucher le visage et n’y cédez pas, supportez-la jusqu’à ce qu’elle disparaisse. (Se souvenir de ce que l’on ressent lorsque l’envie disparaît vous aidera à mieux y résister la prochaine fois.)
b) Soyez vigilant lorsque vous vous lavez les mains pendant vingt secondes. Par exemple, essayez de réciter intérieurement: 1, Buddho. 2, Buddho. 3, Buddho… jusqu’à 10, Buddho. Puis 10, Buddho. 9, Buddho… jusqu’à zéro.
c) Soyez conscient de la distance entre vous et les autres.
3. Faites en sorte que l’attention soit votre refuge intérieur en réservant quotidiennement des temps pour les récitations psalmodiées et la méditation.
Réciter ou chanter les textes en pāli avec une pleine attention est apaisant. Réciter ou chanter la traduction suscite des réflexions édifiantes et sages.
La méditation aide à créer une oasis de calme intérieur au milieu de toute la confusion de la vie quotidienne.
4. Soyez conscient des peurs des enfants. Expliquez-leur le virus de votre mieux ; encouragez-les à poser des questions. Faites-leur savoir que leur sécurité est votre priorité. Attention à ce que vous dites sur le virus en leur présence.
5. Soyez attentif votre utilisation des réseaux sociaux. Limitez votre consommation d’informations : une ou deux fois par jour suffit. Évitez les réseaux sociaux peu fiables qui attisent les craintes ou proposent des remèdes miracles. (Ce sera beaucoup plus facile si vous observez comment votre état mental est affecté par ce que vous regardez sur votre écran.) Si vous avez des enfants, assurez-vous qu’ils suivent les mêmes critères.
6. Soyez conscient de la souffrance des autres. Ne soyez pas téméraire. Ne soyez pas égoïste dans votre utilisation des ressources qui sont précieuses. Rapprochez-vous d’amis partageant les mêmes idées et offrez de l’aide aux personnes âgées à risque ou aux enfants qui ont faim.
7. Soyez conscient d’avoir là une occasion de passer des moments privilégiés avec votre famille.