L’école de la Forêt : La simplicité positive – par Ajahn Tiradhammo
Article paru dans le magazine Sangha
La caractéristique la plus importante de l’école des moines de la forêt est la «simplicité positive», tout à la fois physique et mentale. Ce n’est certainement pas quelque chose de facile, mais il est possible de la cultiver et elle est en outre universellement reconnue comme la vertu la plus fondamentale et le meilleur exemple d’une vie spirituelle.
Physiquement, le moine essaie de vivre grâce aux seules nécessités de base. Ce n’est pas simplement une discipline ascétique et il n’est pas non plus question de rejeter le confort. II est plutôt encouragé à réfléchir à ce dont on a réellement besoin, comparé à ce que l’on désire. A une époque de progrès matériel croissant et de diversité de choix, c’est une réflexion précieuse que de considérer ce qui est vraiment important dans la vie et quelles sont nos priorités.
Mentalement, ce n’est pas une quelconque forme de stupidité dans laquelle on ne se refuse rien, mais un état de non-confusion et de clarté. Doté d’un degré initial de vigilance mentale et émotionnelle, on observe la véritable nature des processus mentaux et on voit ainsi la façon de lâcher prise de tous les suppléments qui surchargent et obscurcissent l’esprit.
Le niveau le plus élémentaire de simplicité mentale positive est réalisé grâce à l’unicité d’esprit ou «samādhi», qui est un état temporaire et conditionné. Il fournit une base à la réflexion profonde et pénétrante sur la véritable nature des conditions mentales et permet un nettoyage des attachements, des peurs, des confusions. etc., grâce il la vision de leur nature réelle comme transitoire, imparfaite et impersonnelle (aniccā, dukkha, anattā). Il est parfois nécessaire de traiter une partie du matériel mental/émotionnel grâce à la culture de moyens habiles tels que la douceur et l’acceptation de soi afin de contrecarrer la tendance au dénigrement de soi; le respect et la gratitude envers le Bouddha, nos Maîtres et le saṅgha
pour contrecarrer la tendance à l’individualisme, et un sens de l’humour pour contrecarrer la tendance à nous prendre nous-mêmes et nos difficultés, trop au sérieux.
On doit clairement reconnaître que la vie monastique et même le bouddhisme ne conviennent pas à tous. Cependant, à l’époque actuelle, il y a un grand nombre de personnes cherchant de nouvelles voies d’expression à leurs besoins spirituels profonds qui peuvent bénéficier largement de l’étude et de la pratique de l’enseignement et de l’exemple offerts par l’école Tudong de la forêt: mener une vie simple et non violente afin d’être en mesure de découvrir la véritable nature de l’existence humaine.
Ajahn Tiradhammo
Le vénérable Thiradhammo est né au Canada en 1949. Il interrompt ses études d’ingénieur pour voyager en Asie où il rencontre la méditation. Il commence à pratiquer auprès de Bhikkhu Sivoli, au Sri Lanka. Un an plus tard, il se rend en Thaïlande pour commencer une formation intensive à la méditation vipassanā, d’abord au monastère de Wat U-Mong, puis à Wat Meung Man où il reçoit l’ordination de moine bouddhiste. En 1975, il se rend à Wat Pah Pong pour étudier et pratiquer auprès d’Ajahn Chah. En 1982, il est invité en Angleterre et il s’établit à Chithurst, le monastère d’Ajahn Sumedho, puis à la Vihara de Harnharn. En 1998, il est envoyé en Suisse pour établir le monastère de Dhammapala, à Kandersteg. Lire L’art de méditer, La joie dans la pratique spirituelle et Approfondir la pratique.