La nature fondamentale du bouddhisme est basée sur l’être humain, sur ce qu’est l’être humain. Le Bouddha découvrit qu’il y avait un malaise fondamental que tous les êtres humains partageaient : l’insatisfaction. Tout le monde est insatisfait, personne ne sait se contenter de ce qu’il a, et c’est cette insatisfaction qui nous pousse à faire tout ce que nous faisons ; nous agissons dans l’espoir d’obtenir toujours plus de satisfaction. Il arrive que l’insatisfaction atteigne le degré d’une véritable souffrance ; d’autres fois, il ne s’agit que d’une légère irritation mais, dans tous les cas, elle est présente. Voilà ce que le Bouddha considéra comme le problème fondamental commun à toute l’humanité. Chacun essaie de surmonter ce malaise, tout le temps, d’une manière ou d’une autre, bouddhiste ou pas. C’est notre problème.
Le Bouddha analysa cette question et vit qu’à l’origine de notre malaise il y avait le désir : l’envie d’avoir ou d’être toujours plus. Parallèlement au désir, il y a l’esprit qui s’évade constamment à la recherche de nouveaux objets de désir jusqu’à ce que le désir apparaisse. L’esprit veut obtenir ceci, s’emparer de cela, essayant ainsi de satisfaire son insatisfaction. Le problème est que, quand il essaie de s’emparer de quelque chose avec cette avidité, il crée un état d’attachement vis-à-vis de l’objet recherché. Quand il obtient des choses qu’il aime, il en veut toujours plus et s’y attache ; et quand il rencontre des choses qu’il n’aime pas, il essaie de s’en débarrasser et s’attache aussi au rejet de ces choses. Quand nous sommes victimes de tous ces attachements, notre vie suit des rails posés dans le passé. Autrement dit, nous avons eu l’occasion de créer des attachements, positifs ou négatifs, vis-à-vis de toutes sortes de choses, et ces attachements refont constamment surface ; ils prennent le contrôle de notre vie et nous mènent toujours dans la même direction. C’est ainsi que nous avançons tout le temps et, quand nous arrivons au terme de notre vie, il reste quelque chose de ce qui nous habite, des graines que nous avons plantées par nos actes. Ces résidus se saisissent d’une nouvelle vie et c’est ainsi que nous continuons : nous revenons dans une nouvelle vie et la même chose se reproduit encore et encore, de vie en vie.
La plupart des gens voudraient que la vie ne s’arrête jamais. Pourtant, s’ils comprenaient vraiment la nature de la vie, ils verraient les choses différemment. Ils verraient que la seule chose à faire est d’essayer de mettre un terme à ce cycle, d’essayer d’obtenir une véritable satisfaction. Le problème est que nous désirons toujours des choses basées sur des kilesa, des pollutions mentales, les principales étant l’avidité, l’aversion et l’ignorance de la réalité des choses.
Tout cela a pour cause une incompréhension fondamentale. Nous ne comprenons pas la réalité des choses, nous ne comprenons pas ce que nous sommes, pourquoi nous sommes là, d’où nous venons ni où nous allons. Quand les gens ne comprennent pas cela, ils font des suppositions : ils supposent que telle ou telle attitude est correcte ; que si tout le monde suit une certaine voie c’est qu’elle est juste ; que s’ils voient quelque chose qui leur plaît, ils doivent essayer de se l’approprier parce que ça les rendra heureux. Ils font ensuite ce qu’il faut pour l’obtenir mais ne sont satisfaits que pendant un temps. Très vite, la vieille habitude du désir se réveille et ils recommencent à agir de la même façon.
Quand les gens prennent conscience de leur insatisfaction et qu’ils cherchent sincèrement à guérir de cette véritable maladie, ils utilisent la méthode de cause à effet que le Bouddha a démontrée. Ils sont insatisfaits ou mécontents et veulent se débarrasser de ce sentiment. Que vont-ils pouvoir faire ? Normalement, quand ils pensent à quelque chose, ils le font ou l’obtiennent, selon ce dont il s’agit mais, s’ils ont du discernement, ils vont comprendre la situation, agir correctement et, peu à peu, se libérer de leur insatisfaction.
Le problème, c’est que les gens ne le comprennent pas et continuent à agir de manière incorrecte parce qu’ils ne savent pas. C’est ce que le Bouddha a perçu et, dans sa grande sagesse, il a vu quelle était la manière correcte d’agir et comment en finir avec cette situation. La manière correcte consiste à se débarrasser de l’attachement et du désir qui nous habitent car, si nous demeurons attachés, nous continuons à nous comporter toujours de la même façon. Le désir engendre l’attachement et l’attachement vient du désir ; ce que nous devons donc faire, c’est éliminer ce désir en allant à sa racine, à sa cause.
Si nous observons bien, nous voyons que le désir naît des sensations et des sentiments. Nous nous sentons insatisfaits, irrités, perturbés et, quand nous prenons conscience de ce sentiment, le désir de nous en libérer apparaît. Pour y arriver, nous agissons alors comme nous l’estimons juste. Si nous avons assez de sagesse pour agir correctement à ce moment-là, nous y parviendrons. Malheureusement, quand l’insatisfaction est le fruit d’un sentiment déplaisant, ce sentiment engendre le désir et nous avons tendance à nous engager aussitôt sur la mauvaise voie, à prendre la mauvaise direction. Cette direction, que prennent la plupart des gens, ne mène pas à la guérison et c’est pourquoi il y a tant de problèmes dans le monde. Inutile de développer ce point-là, vous savez tous ce que je veux dire. Les problèmes du monde ont toujours été là, d’une manière ou d’une autre, et cela continuera parce que les pollutions mentales qui en sont la cause sont en nous. Si elles sont en nous, il est inévitable qu’il y ait tout le temps des problèmes.
Mais le Bouddha nous a montré une autre voie. Nous pouvons apprendre à chercher un remède en prenant, autant que possible, la bonne direction. Ayant appris à suivre la voie juste, nous voyons comment agir correctement. Progressivement, nous pouvons donc réussir à dénouer cette situation qui nous emprisonne. Parce que nous sommes effectivement prisonniers d’une sorte de processus à répétition : nous sommes le résultat de ce que nous avons fait dans le passé et nous continuons à faire ces mêmes choses, ce qui nous attirera les mêmes situations à l’avenir. Comme une roue, nous continuons à tourner en rond, sur la même route, parfois virant à droite, parfois à gauche mais, globalement, en suivant toujours la même route. Lorsqu’une personne dotée de discernement en prend conscience, elle essaie de sortir de cet engrenage, de se libérer de cette prison. Le Bouddha a dit : toute situation a une cause ; si vous mettez fin à la cause, vous mettez fin à la situation. Il se peut que cela prenne un peu de temps mais vous avancerez dans la direction qui mettra fin à cette situation.
Le Bouddha a dit aussi que, si l’on met fin à l’avidité, au désir, on va progressivement dénouer la situation. Les conséquences des actions passées ressortiront et perdront peu à peu de leur force. On arrivera à un sentiment de satisfaction et à une paix jamais ressentie auparavant. La voie que le Bouddha a enseignée pour y parvenir est toujours liée à la notion de cause et d’effet : si on veut que cesse l’insatisfaction, on doit produire les causes nécessaires et les causes sont ce que le Bouddha a appelé « la voie » ou l’Octuple Sentier. C’est la voie que l’on doit suivre pour sortir de cette situation. Elle comprend une part de comportement éthique, une part d’entraînement de l’esprit pour arriver à le maîtriser, et une part de sagesse. Ce sont les trois choses nécessaires et c’est la sagesse qui nous permettra de vaincre les pollutions mentales qui nous habitent.
Pour avoir cette sagesse, nous devons suivre l’entraînement de l’esprit. L’esprit doit être entraîné pour être plus fin, plus vif. C’est comme affûter une hache avant de couper un arbre. Quand la hache est bien affûtée, on est en mesure de couper l’arbre. Si on le fait avec une hache peu tranchante, ce sera difficile. Il faut donc s’entraîner, pratiquer selon ces lignes directrices, et on obtiendra des résultats.
Tout d’abord l’éthique. Dans le bouddhisme, l’éthique concerne seulement la parole et l’action, pas les pensées parce que les pensées sont subtiles et difficiles à contrôler. L’éthique, dans le bouddhisme, c’est notre relation au monde. Nous devons établir notre relation au monde de telle sorte qu’il n’y ait pas d’attachements. Ainsi nous pouvons nous sentir libres du monde, libres de toute culpabilité, et libres de toute pression. Si nous avons mal agi dans le passé et que nous continuons à mal agir, quand nous nous asseyons en méditation, inévitablement ces souvenirs nous reviennent à l’esprit et nous perturbent. Par conséquent, pour pouvoir pratiquer correctement la méditation, nous devons être libres de ces culpabilités et de tout autre sentiment qui pourrait nous hanter. Voilà pourquoi un comportement éthique est absolument essentiel.
Normalement, quand on vit dans le monde, il y a cinq préceptes moraux à observer. C’est le comportement éthique minimum pour être considéré comme un être humain. Il est dit que, si l’on suit ces cinq préceptes moraux – s’abstenir de tuer, de voler, d’inconduite sexuelle, de paroles mensongères ou grossières, et de consommer des produits qui brouillent l’esprit comme l’alcool ou la drogue – on gardera le statut d’être humain ; sinon, on est en-dessous du niveau humain. Il est également dit que, si on s’entraîne à suivre des niveaux plus élevés que ces préceptes moraux de base, on s’élève à un niveau supérieur. Dans cette mesure, l’entraînement à l’éthique est très important. De plus, quand on a un comportement sain, on se sent plus heureux ; on a la satisfaction de savoir que l’on n’a rien fait de mal, que personne ne peut sincèrement se plaindre de nous, et cela nous donne un sentiment de liberté, d’être « en règle » vis-à-vis du monde.
Cela n’empêchera pas une certaine insatisfaction de se faire sentir, une agitation, un désir d’une chose ou d’une autre – autrement dit, l’insatisfaction profonde demeure mais de manière plus subtile. Cette insatisfaction est beaucoup plus subtile que le malaise engendré par une mauvaise moralité. Pour la dépasser, il faut entraîner l’esprit, et on entraîne l’esprit en concentrant son attention sur un point unique de focalisation. En général, on porte l’attention sur la lèvre supérieure ou au bout du nez, là où la respiration se fait sentir ; certaines personnes préfèrent utiliser un mantra comme le mot « Bouddho ».
Si on pratique ainsi, en focalisant pleinement son attention sur ce point ou ce mantra, l’esprit va peu à peu s’apaiser. Les distractions habituelles s’évanouissent. En réalité, cela peut prendre plus ou moins de temps selon la personne ; pour certains, c’est très rapide mais, pour la plupart, c’est un véritable labeur de trouver un peu de calme dans l’esprit. Cela fait très longtemps que l’esprit a pris de mauvaises habitudes : on ne l’a jamais empêché d’être distrait, de penser à ceci ou cela, de divaguer dans tous les sens ; il ne lui est donc pas facile de se plier à la pratique de la méditation. Ce qui l’en empêche, ce sont les pollutions mentales qui nous habitent. Si ces pollutions n’étaient pas là, ce serait facile mais elles sont bien là, en nous. Elles surgissent à tout bout de champ, comme un diable sortant de sa boîte, et créent sans cesse des problèmes.
On pratique donc la méditation pour apaiser le mental. C’est assez difficile pendant pas mal de temps mais, peu à peu, les résultats se font sentir : on se sent plus calme, plus satisfait, on sent que l’on est sur le bon chemin. Quand cette confiance apparaît, on a envie de pratiquer de plus en plus, tout le temps. C’est ainsi que la pratique s’améliore progressivement. On apprend à contrôler son esprit, à être plus concentré, et la pratique devient plus facile. Un jour, on réalise que l’on peut très facilement entrer en concentration. Cela signifie que l’esprit est bien dompté, bien maîtrisé. Il est alors temps de se tourner vers la sagesse et de la développer.
On développe la sagesse en commençant par calmer l’esprit avec la pratique de la concentration sur un point unique. Quand l’esprit est calme, on se tourne vers l’intérieur et on observe les choses de très près, en commençant par son propre corps : qu’est-ce que ce corps ? A qui appartient-il ? D’où vient-il ? Où va-t-il ? Est-il ce que j’appelle « moi » ? Quel genre de chose est-ce ? Est-il plaisant ou déplaisant ? Me donne-t-il de la joie ?
Nous devons faire cet examen seuls et trouver seuls nos réponses. En procédant ainsi, on découvre que ce corps n’est pas moi, qu’il ne m’appartient pas, qu’il appartient au monde, qu’il fait partie du monde et qu’il se compose du monde. Notre corps se compose aussi de nourriture : nous ingérons de la nourriture, elle part dans le corps et le remplit. Nous découvrons ainsi que le corps est quelque chose de différent de nous. Quand on en prend pleinement conscience, quand on voit que le corps est quelque chose de séparé, on constate que notre inquiétude pour ce corps diminue. On ne s’inquiète plus de la mort, du risque de tomber malade ou d’avoir mal. Là encore, nous voyons notre insatisfaction diminuer, s’évanouir peu à peu.
Quand on continue à pratiquer ainsi, on finit par pleinement réaliser que le corps est complètement séparé de « moi » ; il n’est pas moi, il n’a jamais été moi ; il fait partie des phénomènes du monde. Peu de gens arrivent à ce stade mais, quand on comprend cela en profondeur, on a déjà beaucoup avancé dans la pratique. On peut alors observer l’esprit et se poser des questions sur sa nature.
Dans le bouddhisme, on dit que l’esprit se compose de quatre éléments : les sensations-sentiments, la mémoire, la pensée et la conscience sensorielle. Et ces quatre éléments viennent tous d’un point central que l’on appelle le citta. Comment définir le citta ? C’est ce qui est au plus profond de nous, qui est toujours là. On l’appelle parfois « ce qui sait en nous ». C’est le point central de notre être. Mais « ce qui sait » est aussi ce qui a été piégé en se transformant en conscience sensorielle, en pensée, en sensations, en mémoire. Tout cela est naît de « ce qui sait », de sorte que celui-ci n’est plus libre et qu’il ne cesse de nous causer des problèmes parce qu’il est enveloppé de pollutions mentales.
Les pollutions sont en nous, de même que « ce qui sait » est en nous et le Dhamma (la vérité) est en nous. Il y a en nous aussi bien les pollutions que la vérité. Si vous voulez savoir ce qu’est vraiment « ce qui sait », vous allez devoir vous demander comment vous avez connaissance des choses : regardez et voyez que, quand vous regardez ou entendez quelque chose, vous savez de quoi il s’agit, sans le moindre doute. Si, par exemple, vous voyez la couleur rouge, vous savez très bien qu’il s’agit de rouge ; vous savez à quoi ressemble le rouge, et ce que l’on ressent quand on voit du rouge mais vous ne pouvez en aucun cas exprimer cela à quelqu’un. C’est tout simplement impossible. Vous utilisez le mot « rouge » et vous comptez sur le vécu de votre interlocuteur pour vous comprendre mais, en réalité, vous ne savez pas s’il perçoit cette couleur comme vous. « Ce qui sait » fonctionne ainsi. Si vous entendez quelque chose, vous savez ce que vous entendez mais vous ne savez pas si quelqu’un d’autre l’entend comme vous. Tout ce que l’on peut dire, c’est qu’en se basant sur la physiologie, on sait que le mécanisme du corps est à peu près semblable pour tous – mais cela ne veut pas dire que notre ressenti est forcément le même ! Si on essaie d’expliquer à quelqu’un ce qu’est un certain son, une couleur ou quoi que ce soit de ce genre, on réalise que c’est impossible ; il faut se fier à l’expérience de l’autre. Mais si vous voulez expliquer ce qu’est la vision à un aveugle de naissance, il ne pourra pas comprendre. C’est ce qui a la connaissance intuitive de ces choses-là que l’on appelle « ce qui sait » et c’est cela qui peut se libérer.
« Ce qui sait » n’est pas physique, il ne fait pas partie du monde. Il ne devient partie du monde qu’à cause des kilesa, ces pollutions mentales dont il est infecté. Quand il est contaminé par les pollutions mentales, « ce qui sait » ne sait plus, il devient porteur d’ignorance et dans cette ignorance, il perd toute confiance en lui-même. Quand « ce qui sait » n’a plus confiance en lui, il est forcé de se saisir de choses qui vont lui donner un semblant de confiance. C’est pourquoi nous nous entourons d’objets, de gens, de sensations et de toutes sortes d’autres choses de ce genre. Elles nous donnent confiance en nous faisant croire à notre propre existence. Notre existence est une chose que nous fabriquons en nous reliant à toutes ces choses.
Ce qui est relié à ces choses, nous l’appelons « moi » mais ce « moi » est changeant, il est différent d’un instant à l’autre. En réalité, c’est un imposteur qui fait semblant d’être ce qu’il n’est pas. La notion de « moi » vient de ce que l’on croit qu’il existe une entité permanente et fixe en nous mais c’est une croyance erronée. Quand les gens parlent d’eux-mêmes, ils se réfèrent parfois à leur corps, parfois à leurs sentiments ou encore à leurs pensées. Par exemple, quand on dit : « Je vais ouvrir la porte », le « je » se réfère au corps. Quand on dit : « Je suis triste », il s’agit d’un sentiment. Quand on dit : « Je pense ceci ou cela », c’est une pensée. Ce moi se réfère sans cesse à des choses différentes, pas à une seule et unique chose ; il change tout le temps. Voilà pourquoi il est difficile de dire ce qu’il est exactement ; voilà pourquoi il ne mérite pas le nom de « moi » car le moi est censé être une entité permanente.
C’est pour cette raison que, dans le bouddhisme, on dit que le soi n’existe pas réellement, que c’est un imposteur ; et le but de l’entraînement de l’esprit proposé par le Bouddha est de dévoiler la véritable nature du soi, de voir qu’il ne s’agit de rien de réel. Quand on va au-delà du soi, on peut revenir à « ce qui sait », à sa vraie nature, mais c’est difficile parce qu’il faut avoir confiance en « ce qui sait ». Cette confiance ne peut pas venir de rien ; il faut la faire grandir peu à peu. Pour faire grandir cette confiance, il faut avoir connaissance et compréhension ; il faut arriver à voir notre véritable nature en profondeur, à voir la façon dont nous fonctionnons. Ainsi progressivement, en nous coupant de tout ce que nous ne sommes pas, nous arriverons à ce que nous sommes. Ce que je veux dire, c’est que, si on se coupe du corps, on voit que l’on n’est pas le corps et on cesse de s’en préoccuper. Ensuite, si on se coupe des sensations, on voit qu’elles ne sont pas soi. « Se couper » ne signifie pas s’en débarrasser mais simplement se libérer de l’idée que « je suis cela ». Et ainsi de suite pour le reste des éléments de l’esprit : la pensée, la mémoire et la conscience sensorielle. On voit que l’on n’est pas ces choses-là. Quand on voit cela, on gagne peu à peu confiance en « ce qui sait » en nous. Ensuite, grâce à cette confiance en « ce qui sait », on peut sauter le pas et « être » cela, complètement. C’est le bout du chemin.
Certains y parviennent ; ils ne sont pas nombreux. Il est très difficile d’y arriver mais ça vaut la peine d’essayer. En fait, quand on s’engage sur cette voie, on a le sentiment qu’il n’y a rien d’autre à faire. Toutes les autres activités ressemblent à des jeux d’enfants ; nous sommes comme des enfants qui s’amusent avec des jouets. La seule voie à suivre consiste à essayer de sortir de cette situation et, ensuite, à montrer la voie à d’autres par son propre exemple.