La philosophie, qui s’appuie sur l’intelligence et la raison pour comprendre le monde et l’homme, est surtout aujourd’hui un discours théorique “sur” le monde, qui n’implique pas forcément de changer sa manière de vivre. Dans l’Antiquité, au contraire, les philosophes étaient aussi des “maîtres à vivre” et leur philosophie se voulait pratique. Le bouddhisme propose une démarche qui est plus proche de celle des philosophes antiques que des philosophes modernes, mais il ne s’appuie pas seulement sur la raison et l’intelligence…
Le Dharma propose une démarche qui est plus proche de celle des philosophes antiques que des philosophes modernes, puisqu’elle doit entraîner une nouvelle manière de vivre. Mais il ne s’appuie pas seulement sur la raison et l’intelligence. Si l’étude et la réflexion sont nécessaires, la pratique de la méditation est indispensable, et celle-ci ne fait pas appel au raisonnement mais à l’expérience directe.
Peut-on aussi considérer le bouddhisme comme une morale ? La morale se présente comme un ensemble de règles de conduites pour la vie en société, fondé sur une définition “absolue” du bien et du mal. On peut distinguer une morale “naturelle”, dans laquelle tout le monde est sensé pouvoir s’entendre sur la définition du bien et du mal (parce qu’elle dépend d’une “raison universelle”) et une morale “religieuse”, le bien et le mal étant alors définis par les “commandements divins”.
Il existe bien une “morale bouddhiste”, qui préconise des règles de vie commune. Mais sa définition du bien et du mal ne dépend pas de commandements divins ni d’une “raison universelle”. Elle part de la constatation de l’universalité de la souffrance humaine, considère comme mal tout ce qui peut générer de la souffrance, pour soi et pour autrui, et comme bien tout ce qui permet d’atténuer la souffrance ou d’empêcher son apparition.
Il ne s’agit donc pas d’une définition théorique, “absolue”, mais d’un ensemble de conseils pratiques qui doivent faciliter l’accès à l’Eveil pour tous.