Lâcher la saisie et ouvrir le Cœur, Ajahn Chah
![](https://portail-dhamma.com/wp-content/uploads/2019/10/E51402E6-F119-424A-8C3C-092ABD82641E-e1570653278282.jpeg)
Notre pratique ici consiste à ne se saisir de rien.
– Mais n’est-il pas nécessaire de se saisir de certaines choses ?
Avec les mains, oui, mais pas avec le cœur. Quand le cœur saisit ce qui est douloureux, c’est comme être mordu par un serpent. Et quand, par désir, il saisit ce qui est agréable, c’est comme saisir la queue du serpent – quelques instants de plus et la tête du serpent va se tourner et vous mordre.
Faites de cette absence de saisie et de cette attention les gardiens de votre cœur, comme un parent patient. Vos désirs et vos aversions vont venir réclamer comme des enfants : « Je n’aime pas cela, maman ! J’en veux encore, papa ! » Vous vous contenterez de sourire et de dire : « Mais bien sûr, mon petit. » « Mais maman, je veux vraiment un éléphant. » « Mais oui, mais oui, mon petit. » « Je veux des bonbons ! Pouvons-nous aller faire un tour en avion ? » Il n’y a pas de problème si vous pouvez laisser désirs et aversions aller et venir sans vous en saisir.
Quelque chose entre en contact avec les sens et aussitôt l’attirance ou le rejet surgit – c’est précisément là que se trouve l’ignorance ! Mais grâce à la présence de l’attention, cette même expérience peut éveiller la sagesse.
Si vous devez vous trouver dans un lieu où les sens sont particulièrement stimulés, ne craignez rien. Être éveillé ne signifie pas être sourd et aveugle. Pendant que vous récitez inlassablement un mantra pour faire barrage à ce qui vous entoure, vous risquez fort d’être renversé par une voiture. Soyez simplement attentif et ne vous laissez pas berner. Quand les autres disent que quelque chose est joli, dites-vous : « Non, ce n’est pas joli. » Quand les autres disent que quelque chose est délicieux, dites-vous : « Non, ce n’est pas vrai. » Ne vous laissez pas emprisonner par les attachements du monde ou par des jugements relatifs. Laissez tout passer, tout simplement.
Certaines personnes ont peur d’être généreuses. Elles pensent qu’elles vont être exploitées ou dépossédées, qu’elles ne pourront pas prendre bien soin d’elles-mêmes. En cultivant la générosité, les seules choses dont nous nous dépossédons sont notre cupidité et notre attachement. Cela permet à notre véritable nature de s’exprimer et de devenir plus légère et plus libre.
En ouvrant notre esprit, en « lâchant prise », nous portons notre attention sur un point unique, nous sommes un simple observateur, le témoin silencieux et conscient de ce qui va et vient.
Nous allons faire des exercices qui se basent très nettement sur les enseignements les plus anciens du Bouddha, des exercices très efficaces, très clairs. Nous en ferons de plusieurs sortes dans le courant des jours à venir.
Ce que nous ressentons pour les autres ne dépend que de nous(…)Pour Dipa Ma, mettā et pleine conscience ne font qu’un.
La méditation est un travail de la conscience, un travail de présence. Ce n’est pas un travail du corps. Ce n’est pas ce que vous faites avec votre corps, la façon dont vous vous asseyez, marchez ou bougez. La méditation, c’est faire l’expérience du corps et de la conscience avec intimité, d’instant en instant, avec la compréhension juste.